Bourg-en-Bresse
le 11. Janvier 1999
par François Villeminot
Été 1966: un jeune Allemand et une jeune Française se retrouvent comme moniteurs d'un camp franco-alle- mand sur les bords de la Baltique. Cette rencontre pourrait sembler banale dans la mesure où ce genre d'échanges franco-allemands a fait partie de tout un mouvement de réconciliation entre deux pays. Mais la suite prouve une fois de plus, qu'il faut se méfier de ce qui, précisément, paraît banal. Banal comme le quoti- dien et sa litanie d'habitudes. Banal comme cette répétition des faits et gestes des êtres. La suite en question se situe dans le temps présent, Reimar Oltmanns, l'Allemand et Jannick Boulle, la Française, se sont mariés et vivent à Seillonnaz. Jannick est prof d'allemand à Bourg - ça vous étonne? - et Reimar, journaliste-écrivain, confesse tout de go que c'est là, dans ce décor intime mais sauvage du Bugey qu'il a retrouvé l'authenticité de sa vie.
"Comprendre l'homme d'aujourd'hui 'ainsi que le chante Ferrat, exige une espèce de pèlerinage aux sources. La démarche est essentielle pour cerner au plus près les réflexions que Reimar Oltmanns égrène avec le souci de la justesse des mots. Entre cet été 66 et ces anées quatre-vingt-dix, sa vie n'a ressemblé en rien aux méandres paresseux d'un long fleuve tranquille. Enten- dez par là que ce journaliste bourlingueur ne s'est pas contenté de regarder vivre son pays même si, à aucun moment, il n'a pas perdu de vue les événements qui ont marqué son histoire et les tendances insidieuses parfois qui risquent de lui faire perdre des pans entiers de son identité.
Reimar Oltmanns a parcouru le Vietnam, des pas d'Afrique tels que le Zaîre, l'Ethiopie et le Kenya. Il connaît bien aussi l'Amérique latine pour y avoir effectué de longs séjours dont six mois en Uruguay. Son dernier champ d'observation, avant de faire le choix de vivre en France, fut l'Italie.
Autrement dit et selon la réflexion de son épouse, "il n'a plus besoin d'être reconnu comme reporter car il a fait ses preuves." Aussi, pour échapper à cette existence turbulente , a-t-il décidé de mettre la pédale douce en matière de journalisme. Après huit ouvrages écrits sur des phénomènes de societé, Reimar, dans cette parcelle de la France profonde qu'est le Bugey, s'est mis à l'écriture d'un roman. Un projet qu'il porte en lui depuis dix ans et qu'il peut mener à bien dans des conditions qu'il reconnaît commes "ideales".
DES LIGNES DE RUPTURE
La véritable rupture qui s'est produite dans la facon de vivre de Reimar Oltmanns se situe en 1980 lorsqu'il redige un livre sur la jeunesse. Son titre: "Tu n'as pas de chance: exploite-la". Un titre en forme de paradoxe mais qui en dit long sur l'analyse de cet humaniste qui a toujour pris l'option des plus faibles e des plus pauvres. Il ne s'agissait pas pour lui d'écha-fauder de grandes hypothèses dans le cadre douillet d'un bureau mais de livrer un constat à partir d'experiences vécues à Berlin ou Munich pour voir de ses propres yeux ce qui se passait à la base. A partir de là, il a pu faire, avec cette honnêteté qui le caractérise, la compa-raison entre cette réalité et la vision qu'en donnaient les médias, Certains extraits de son livre figurent d'aillieurs aujourd'hui dans des manuells scolaires allemands.
On peut se demander si cet ouvrage, plus encore qu'un révélateur. n'a pas constitué pour lui une thérapie, voire une conversion. Il n'était plus question pour ce barou- deur de l'information d'être témoin de la misère à travers le monde et de la soumettre ensuite aux impu- diques mais juteuses lois du marketing.
POUR UN VISAGE SOCIAL DE L'EUROPE
L'ermite de Seillonnaz ne vit pas pour autant coupé des grands courants du monde et des douleurs de l'enfante- ment européen. Le premier regard qu'il porte sur l'Alle-magne, son propre pays, n'est pas tendre. S'il stigmatise les seize années de politique conservatrice menée par Helmut Kohl, il ne signe pas pour autant un blanc-seing au nouveau chancelier dont il fut cependent l'ami au temps où l'un et l'autre recevaient de leur jeunesse le pouvoir de refaire de monde. Ce qu'il craint, dans cette nouvelle donne, c'est que l'axe Paris-Berlin qui "a toujours été un moteur de la construction euro-péene "soit quelque peu délaissé au profit d'un axe "Berlin-Londres" par le nouveau pouvoir allemand. Et là, Reimar ne fait pas dans la dentelle en considérant l'Angleterre comme un cheval de Troie des Etats-Unis qui, de plus en plus exportent des scories via les chaines de télévision allemandes par exemple.
Retour en France pour une appréciation plutôt flatteuse. De cet hexagone, Reimar Oltmanns aime un certain esprit du rébellion. "On parle bien sûr d'état cen- tralisé mais quand on voit toute cette vitalité dans le monde du théâtre, de la littérature et des sciences humaines, on se rend compte que toute cette dimension culturelle intervient davantage dans la vie quotidienne qu'outre Rhin." Et cette démarche est qualifiée d'essen-tielle "pour ne pas laisser le terrain libre aux forces de droite les plus sombres."
Lui le défenseur des États-Unis d'Europe plaide tout à la fois pour chaque région de cette Europe puisse garder son identité et pour que la dimension sociale fasse partie des priorités. "Il n'est par normal que des entreprises aillent au Portugal pour se servir d'une main d'oeuvre bon marché. D'où la nécessité pour les gouvernements aujourdhui socio-démocrates prennent une initiative forte en faveur du marché de l'emploi".
Est-il besoin de préciser qu'avec son attachement viscéral aux relation franco-allemandes. Reimar Oltmanns se demande aujourd'hui "comment ces deux pays ont pu se faire la guerre?"
par François Villeminot
Été 1966: un jeune Allemand et une jeune Française se retrouvent comme moniteurs d'un camp franco-alle- mand sur les bords de la Baltique. Cette rencontre pourrait sembler banale dans la mesure où ce genre d'échanges franco-allemands a fait partie de tout un mouvement de réconciliation entre deux pays. Mais la suite prouve une fois de plus, qu'il faut se méfier de ce qui, précisément, paraît banal. Banal comme le quoti- dien et sa litanie d'habitudes. Banal comme cette répétition des faits et gestes des êtres. La suite en question se situe dans le temps présent, Reimar Oltmanns, l'Allemand et Jannick Boulle, la Française, se sont mariés et vivent à Seillonnaz. Jannick est prof d'allemand à Bourg - ça vous étonne? - et Reimar, journaliste-écrivain, confesse tout de go que c'est là, dans ce décor intime mais sauvage du Bugey qu'il a retrouvé l'authenticité de sa vie.
"Comprendre l'homme d'aujourd'hui 'ainsi que le chante Ferrat, exige une espèce de pèlerinage aux sources. La démarche est essentielle pour cerner au plus près les réflexions que Reimar Oltmanns égrène avec le souci de la justesse des mots. Entre cet été 66 et ces anées quatre-vingt-dix, sa vie n'a ressemblé en rien aux méandres paresseux d'un long fleuve tranquille. Enten- dez par là que ce journaliste bourlingueur ne s'est pas contenté de regarder vivre son pays même si, à aucun moment, il n'a pas perdu de vue les événements qui ont marqué son histoire et les tendances insidieuses parfois qui risquent de lui faire perdre des pans entiers de son identité.
Reimar Oltmanns a parcouru le Vietnam, des pas d'Afrique tels que le Zaîre, l'Ethiopie et le Kenya. Il connaît bien aussi l'Amérique latine pour y avoir effectué de longs séjours dont six mois en Uruguay. Son dernier champ d'observation, avant de faire le choix de vivre en France, fut l'Italie.
Autrement dit et selon la réflexion de son épouse, "il n'a plus besoin d'être reconnu comme reporter car il a fait ses preuves." Aussi, pour échapper à cette existence turbulente , a-t-il décidé de mettre la pédale douce en matière de journalisme. Après huit ouvrages écrits sur des phénomènes de societé, Reimar, dans cette parcelle de la France profonde qu'est le Bugey, s'est mis à l'écriture d'un roman. Un projet qu'il porte en lui depuis dix ans et qu'il peut mener à bien dans des conditions qu'il reconnaît commes "ideales".
DES LIGNES DE RUPTURE
La véritable rupture qui s'est produite dans la facon de vivre de Reimar Oltmanns se situe en 1980 lorsqu'il redige un livre sur la jeunesse. Son titre: "Tu n'as pas de chance: exploite-la". Un titre en forme de paradoxe mais qui en dit long sur l'analyse de cet humaniste qui a toujour pris l'option des plus faibles e des plus pauvres. Il ne s'agissait pas pour lui d'écha-fauder de grandes hypothèses dans le cadre douillet d'un bureau mais de livrer un constat à partir d'experiences vécues à Berlin ou Munich pour voir de ses propres yeux ce qui se passait à la base. A partir de là, il a pu faire, avec cette honnêteté qui le caractérise, la compa-raison entre cette réalité et la vision qu'en donnaient les médias, Certains extraits de son livre figurent d'aillieurs aujourd'hui dans des manuells scolaires allemands.
On peut se demander si cet ouvrage, plus encore qu'un révélateur. n'a pas constitué pour lui une thérapie, voire une conversion. Il n'était plus question pour ce barou- deur de l'information d'être témoin de la misère à travers le monde et de la soumettre ensuite aux impu- diques mais juteuses lois du marketing.
POUR UN VISAGE SOCIAL DE L'EUROPE
L'ermite de Seillonnaz ne vit pas pour autant coupé des grands courants du monde et des douleurs de l'enfante- ment européen. Le premier regard qu'il porte sur l'Alle-magne, son propre pays, n'est pas tendre. S'il stigmatise les seize années de politique conservatrice menée par Helmut Kohl, il ne signe pas pour autant un blanc-seing au nouveau chancelier dont il fut cependent l'ami au temps où l'un et l'autre recevaient de leur jeunesse le pouvoir de refaire de monde. Ce qu'il craint, dans cette nouvelle donne, c'est que l'axe Paris-Berlin qui "a toujours été un moteur de la construction euro-péene "soit quelque peu délaissé au profit d'un axe "Berlin-Londres" par le nouveau pouvoir allemand. Et là, Reimar ne fait pas dans la dentelle en considérant l'Angleterre comme un cheval de Troie des Etats-Unis qui, de plus en plus exportent des scories via les chaines de télévision allemandes par exemple.
Retour en France pour une appréciation plutôt flatteuse. De cet hexagone, Reimar Oltmanns aime un certain esprit du rébellion. "On parle bien sûr d'état cen- tralisé mais quand on voit toute cette vitalité dans le monde du théâtre, de la littérature et des sciences humaines, on se rend compte que toute cette dimension culturelle intervient davantage dans la vie quotidienne qu'outre Rhin." Et cette démarche est qualifiée d'essen-tielle "pour ne pas laisser le terrain libre aux forces de droite les plus sombres."
Lui le défenseur des États-Unis d'Europe plaide tout à la fois pour chaque région de cette Europe puisse garder son identité et pour que la dimension sociale fasse partie des priorités. "Il n'est par normal que des entreprises aillent au Portugal pour se servir d'une main d'oeuvre bon marché. D'où la nécessité pour les gouvernements aujourdhui socio-démocrates prennent une initiative forte en faveur du marché de l'emploi".
Est-il besoin de préciser qu'avec son attachement viscéral aux relation franco-allemandes. Reimar Oltmanns se demande aujourd'hui "comment ces deux pays ont pu se faire la guerre?"
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